Les Croates d’Olic, toujours gaillard à 34 ans à l’image de son deuxième but dans un Mondial douze ans après le premier, ont bien réagi après la défaite initiale contre le Brésil et restent en course pour une place en huitièmes de finale. Celle-ci se jouera contre le Mexique, leur prochain adversaire, qui compte un point de plus et qu’il faudra battre. La partie a en tout cas confirmé l’impression générale après les rencontres initiales: les Européens sont précis et méthodiques et les Africains trop brouillons pour espérer mieux. Les beaux discours des coéquipiers d’Eto’o, finalement sur le banc, n’auront donc pas duré longtemps. Onze minutes en fait, comme le temps qu’a mis leur adversaire pour se remettre de leurs louables intentions. Olic, qui avait déjà provoqué le but du Brésil contre-son-camp il y a six jours après autant de temps de jeu, a donc sanctionné l’approximation camerounaise.
Si cette ouverture du score a coupé le sifflet des Lions, elle a laissé leurs jambes intactes et ceux-ci s’en sont servies pour durcir le jeu. Bêtement, Song a donc fini par être exclu (40e) après un coup de coude dans le dos de Mandzukic. La chaleur et le violent orage du début d’après-midi dans l’Amazonie avaient dû faire monter la température d’un cran de trop dans la tête de certains. Avant un début de prise de bec entre Assou-Ekotto et Moukandjo, même celle, piquée, de Webo (89e) n’a pu sauver l’honneur. Côté jeu, les Camerounais ont en effet tous voulu tour à tour sauver la patrie et se sont perdus dans un individualisme forcené. A l’image du télescopage de Mbia et Moukandjo qui lance la contre-attaque fatale à Song.
UN CAUCHEMAR POUR LE CAMEROUN
Le cauchemar n’allait toutefois pas s’arrêter-là puisque l’excellent Perisic a ajouté un deuxième but à la reprise d’une frappe au 1er poteau (48e). Mandzukic, qui revenait de suspension, a lancé ensuite idéalement son tournoi avec un doublé (61e, 73e). D’abord à la réception d’un corner, il a ensuite repris dans un fauteuil un tir d’Eduardo mollement repoussé par le faible Itandje au milieu d’une défensenaïve qui prenait l’eau. Exclusivement dominateurs après la pause, les Croates n’ont cependant pas forcé leur talent et se sont contentés de miser sur les errements adverses pourrenouer avec une victoire en Mondial qui les fuyait depuis 2002 et cinq matches.
C’est d’ailleurs cette même année que le Cameroun a décroché son dernier succès, au milieu d’une triste série de 15 matches depuis 1990. Cela aura au moins permis à Modric, diminué après un coup reçu contre le Brésil, de ne pas trop monter dans les tours avant le choc crucial contre El Tri, et à Pranjic de renouer avec la compétition. Miné par la guerre des clans en 2010, perturbé en 2014 comme en 2002 par la question cruciale des primes, le Cameroun voit donc malheureusement les années passer et se ressembler. Contre le Brésil, il faudra essayer de ne pas être encore plus ridicule. Et même contre de pâles Auriverde, ce sera compliqué.