La rencontre devant opposer les Corbeaux du TP Mazembe à l’AS V.club, dimanche 23 septembre à Lubumbashi, a été un rendez-vous manqué. Un grave imbroglio a caractérisé les deux adversaires au sujet du stade qui devait abriter cette importante rencontre. Mazembe s’est présenté dans ses installations de la commune de Kamalondo, un stade nouvellement construit alors que les Dauphins noirs se sont quant à eux présentés au stade Frederick Kibassa Maliba. C’est donc autour de cette controverse que la rédaction de l’Objectif s’est entretenue avec Pierre Célestin Kabala Muana Mbuyi, président de l’Association des journalistes sportifs du Congo (AJSC) et analyste chevronné du football, question de donner sa lecture en rapport avec cette rencontre manquée, laquelle s’inscrivait dans le cadre de la 15ème journée du championnat national de la RDC.
Irisfootball.com: Le match qui devait mettre aux prises As V.club de Kinshasa et TP Mazembe n’a pas eu lieu comme prévu faute d’un consensus sur le terrain devant abriter ce big-event. Quelle est votre réaction face à cet état des choses?
Kabala Mwana Mbuyi : Il faut déplorer le fait qu’un club ait pu effectuer des milliers des kilomètres et engagé de fonds importants pour transporter des athlètes. Mais, arrivé sur les lieux de la compétition, elle n’a pas livré le match et est retourné à son lieu de résidence avant de s’entendre dire par la suite que la rencontre sera rejouée. Je note certaines choses que je qualifie un peu de légèreté dans l’organisation de notre football. La première chose, c’est que des rencontres sont programmées des mois bien avant. Le calendrier est publié au début du championnat. Et tout calendrier ne peut être modifié qu’en cas de force majeure. Mais, ce que je constate ce que pour ce match, on a modifié de date deux fois. Il faut déplorer le fait qu’on change des matches selon l’évolution du temps et des circonstances. Vous savez, dans le passé, même quand vous avez cédé des joueurs dans l’équipe nationale, on vous dispensait des rencontres sur le plan national ainsi que sur le plan local. A mon sens, je crois que chaque club est censé avoir 25 joueurs pour une compétition. Quand vous en manquez un, deux, trois ou quatre, on ne peut pas dire que la compétition s’arrête. Je vous rappelle que dans le passé, j’ai connu trois équipes de Mazembe en compétition. Une équipe au championnat locale, une en championnat national et une autre en compétition continentale. C’est parce qu’on savait gérer cela. Et on puisait dans la pépinière parmi les jeunes de Mazembe qui montaient facilement. Mais aujourd’hui, on ne tient plus compte de cette réalité. Quand vous avez trente joueurs sur votre liste, il n y a que quinze qui jouent régulièrement. Les autres passent toute une saison sans participer à la compétition. Ce sont des pareilles situations qui occasionnent souvent des modifications des dates et des lieux des compétitions. Pour V. Club et Mazembe, quand on a changé des dates de la compétition, on n’avait pas changé de lieu dans le calendrier. J’ai vu le calendrier qui reprenait clairement Kibassa Maliba. Il est nécessaire que lorsque les organisateurs changent des dates et de lieux, le fassent officiellement en informant les parties concernées. Je pense que V. Club a exploité cette faille en se présentant à Lubumbashi en ayant le calendrier modifié, mais qui gardait encore comme lieu le stade Kibassa Maliba. A mon avis, tout le monde a trahi les principes du sport, les principes de la vérité, de la sincérité entre les pratiquants et les organisateurs ainsi que les principes de la justice et de l’équité.
C’est le président du comité exécutif de la LINAFOOT qui aurait délocalisé cette rencontre sans pour autant consulter les membres de son comité. Est-ce que cette procédure prévue par le règlement sportif qui organise ce championnat national?
Le changement des lieux et des dates de la compétition ne se font pas en solo ou par le fait d’un seul dirigeant ou un secrétaire général ou encore un seul membre. Non, il y a une commission de discipline de la compétition. Lorsque le calendrier est déjà arrêté, pour le modifier, il faut que la même commission se réunisse et que le comité directeur soit informé et avalise la décision de changement pour apaiser tout le monde. Est-ce que cela avait-il été fait. Je ne pense pas que cela ait suivi cette procédure.
Face à cet état des choses, un constat se dégage dans le chef de l’opinion sportive. Le comité de gestion de la LINAFOOT n’a pas d’autorité dans la prise des décisions pour départager les deux adversaires dans leur imbroglio. Qu’en dites-vous.
Oui, il est un fait. J’ai cru comprendre que lorsque les deux équipes sont arrivées à Lubumbashi, il y avait discordance entre le délégué de la LINAFOOT et le commissaire au match. J’ai cru comprendre qu’au départ, ils n’ont pas parlé un même langage. Pour l’un, le match devait se jouer au stade Kibassa Maliba. Tandis que pour l’autre, il devait plutôt se jouer au stade TP Mazembe. C’est par après que j’ai compris qu’il se serait passé quelque chose pour les remettre ensemble pour qu’en définitive, le monsieur puisse se dédire pour revenir sur sa première déclaration, laquelle optait pour que le match se joue au stade de Mazembe. Ce sont des choses qui amènent la division et la violence. Des gens comme ça, pour avoir manqué d’honnêteté, méritent d’être sanctionnés parce qu’ils n’ont pas été dignes des fonctions assumées. Il ne faut pas attendre qu’il y ait mort d’hommes pour pouvoir les sanctionner. Je crois que même l’unité du pays a été mis en mal à travers cet incident. Heureusement que les gens étaient encore sages pour sauvegarder la réputation de ces clubs qui sont tenus par des hauts responsables. Ils ont pu user de leur sagesse pour qu’il n’y ait pas des étincelles.
Certaines langues soutiennent que les règles édictées par la LINAFOOT ne concernent qu’une catégorie d’équipes tandis que pour les autres, elles ne s’appliquent pas. Ils en subissent les conséquences. Quel commentaire faites-vous à ce propos?
Notre football navigue d’une manière déséquilibrée. Les forces en présence ne sont pas les mêmes. Il y a un, deux ou trois clubs qui sont puissants et tous les restes sont faibles. Qu’est-ce que vous voulez faire dans un championnat où il y a des équipes qui se déplacent et qui n’arrivent pas à trouver les billets d’avion pour le retour ou pour leur séjour. Ce sont les sponsors, les dirigeants d’un club qui leur viennent en aide. Ces sponsors supportent les frais de deux, trois, quatre ou cinq clubs. Qu’est-ce que vous pouvez attendre d’un tel affrontement. Il y a déséquilibre, car ces gens sont psychologiquement et moralement affaiblis par rapport aux donateurs. Donc, nous ne pouvons pas nous attendre à une compétitivité assurée dans notre championnat. Comment voulez-vous que cinq ou six des équipes de cette ligue, chaque fois qu’elles se déplacent, si elles sont en difficulté, ce sont ces sponsors qui leurs payent les titres de voyage. Qu’est- ce que vous pouvez attendre en résistance vis-à-vis d’eux. D’une manière ou d’une autre, cela va jouer sur le comportement de ces adversaires. C’est ce qui arrive en même temps avec les arbitres et les délégués des matches ou les commissaires au match. Il y a de la complaisance due à la pauvreté et au déséquilibre de force qu’il y a dans ce championnat.
Quel regard portez –vous sur la gestion du comité exécutif de la LINAFOOT dans ce championnat d’élite de la RDC?
Il y a plusieurs imperfections dans le chef du comité de gestion de la LINAFOOT. Ce comité a, à son avantage, une année de grâce qu’elle s’est accordée. Ils ont la grâce que cette première année soit une année d’expérimentation du système de championnat. Mais, nous espérons qu’après cette expérience qu’elle nous a prouvée, que ce n’était pas la preuve aujourd’hui. Normalement, à cette date ce championnat devait déjà s’arrêter. Mais, on continue à jouer. On ne sait même pas quand est-ce qu’on va terminer parce qu’avec tous ces reports des matches comme celui-ci, cela déséquilibre les choses. Mêmes les entraineurs sont perturbés dans leurs calculs, dans leurs stratégies et dans leurs systèmes de préparation. Quand vous préparez les matches, vous savez que vous commencez à telle période, vous savez que vous jouez contre tel adversaire et cet adversaire est de tel niveau. Mais, tout cela est perturbé. Nous leur accordons encore le bénéfice de cela. Mais à la prochaine année, il faudra que les organisateurs tirent des conclusions de leur gestion pour dire qu’on ne peut pas toujours nous mettre devant des situations où l’on change des règlements, de calendrier à tout moment. Toutes les compétitions auxquelles le pays participe sont connues d’avance. On peut élaborer le calendrier en fonction de celui de la FIFA, de la CAF et des jeux africains. Et enfin, on élabore notre propre calendrier et on sait qu’à telle période, les enfants devront être en vacance. On élabore un bon calendrier de manière qu’il n’y ait pas trop de défaitisme.