C.P Kabala : ‘‘les dirigeants de la LINAFOOT ont fait montre d’une grande faiblesse devant le règlement’’

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Le comité de gestion de la Ligue nationale de football (LINAFOOT) a déposé le classement officiel de la Division I à la FECOFA samedi 24 décembre en vue d’homologuer les résultats du championnat national. Après avoir saisi le dossier, l’organe technique du football congolais a entériné  le classement final. Célestin-Pierre Kabala Mwana Mbuyi, chroniqueur sportif et président de l’Association des journalistes sportifs congolais (AJSC) a, dans une interview accordé à Irisfoot,  donné sa lecture par rapport à la gestion du staff dirigeant de la LINAFOOT et sur le déroulement de la dernière édition de la Division d’élite.

 

Irisfootball : Pourriez-vous brièvement retracer le bilan dernière édition du championnat national dénommé Division?

Célestin-Pierre Kabala Mwana Mbuyi : Je dirai simplement que c’est un coup d’essai qui n’a pas réussi, qui n’a pas été un coup de maitre. C’est un championnat qui a commencé avec d’énormes difficultés et qui a terminé comme il a commencé, avec des changements intempestifs de calendrier, des lieux de compétition et même des règles qui régissent la compétition. Dans un championnat ou compétition, les gens partent sur un même pied d’égalité des chances et se conviennent d’évoluer avec les mêmes règles jusqu’ à la fin. Pourtant, ceci a été le contraire avec cette édition de la LINAFOOT.

Quel jugement portez-vous sur la gestion du staff dirigeant de la LINAFOOT?

La gestion a été lacunaire. Je dois dire que sur toute la durée du championnat, les dirigeants de la LINAFOOT ont fait montre d’une grande faiblesse devant le règlement qui organise ce championnat. Lorsqu’on organise une compétition comme celle-là, on se met d’accord dès le départ. Si le règlement dispose par exemple que lorsqu’un club cède plus de 3 joueurs à l’équipe nationale, il doit être dispensé de la compétition. En élaborant le calendrier national, il faut dès le départ tenir compte de la compétition  internationale dans laquelle sont engagés un ou plusieurs clubs qui jouent le championnat national. Le sport n’est pas un domaine d’improvisation. Tout est prévu à l’avance. Nous savons que les éliminatoires de la CAN se jouent à telle période et que la Ligue des champions se joue à telle autre période et ainsi de suite. Donc, il y a moyen d’agencer  la saison au niveau national, local en fonction du calendrier supérieur  parce que tout concourt  justement à avoir de plus en plus des titres. Quand on élabore le calendrier, on doit tenir compte de ces faits-là. Cela va épargner les organisateurs des changements intempestifs. Or, chez nous cela n’a pas été le cas.  C’est au courant du championnat qu’il y a eu des reports.  Parfois,  pour des demandes fantaisistes, parfois pour participer à des tournois ou à  des rencontres amicales, chose que le règlement ne prévoit pas. A partir du moment où on a failli devant tout cela,  tout le navire était à la dévotion de ceux qui  pouvaient se faire fort, de faire changer.

Selon votre entendement, doit-on garder  la même formule du championnat national, qui visiblement a failli du point de vue organisation?

Ce n’est pas la formule du championnat d’abord. C’est l’idée même de ce que les congolais se font du football d’élite. Je ne comprends rien du tout ce qui se passe. Ce pays avait déjà tenté ces genres d’organisations, et ma main était à la pâte, l’expérience de la formule du championnat national direct à caractère professionnel.  Nous l’avions tenté. Les gens n’avaient plus à inventer ce qui était déjà trouvé. Ils n’avaient qu’à  partir des expériences faites pour savoir qu’est-ce qui avait marché et qu’est-ce qui n’avait pas marché afin de continuer tout en améliorant. Mais est-ce qu’aujourd’hui nous pouvons nous dire que nous avons vraiment envie  de mettre en œuvre un championnat professionnel. Je ne crois pas parce qu’il n’y a rien qui l’indique. Il n’y a aucune volonté au niveau supérieur comme soubassement. Nous devons lever l’option de dire que nous voulons lancer  le championnat professionnel.  A partir du moment où nous disons que nous voulons lancer le championnat national, nous devons nous poser la question de savoir dans combien de  devrons nous le faire, avec combien des clubs et avec quelle formule de championnat à l’échelle nationale, avec quelles infrastructures. Quelles sont leurs structures, quels sont leurs statuts et les joueurs eux-mêmes qui sont les plus concernés au premier point. Mais est-ce que dans notre pays, nous pouvons dire que nous avons des joueurs professionnels?  Je ne le crois pas. Je le dit en connaissance des causes. Il n’y a aucun club en RDC qui paie réellement les joueurs en tant que professionnels pour  que ceux-ci payent aussi l’impôt et qu’ils soient considérés comme tels.

La désorganisation caractérisée de cette édition de la LINAFOOT a pour conséquence le non-respect du calendrier établi par les organisateurs eux-mêmes. Quel commentaire faites-vous justement à ce propos?

Le calendrier est établi par des hommes. La base, ce sont des hommes, qui avant de s’occuper de cela, devaient d’abord eux-mêmes apprendre à comprendre comment on fait cela et savoir  résister aux sollicitations de gauche à droite. Cela implique une morale sportive au plus haut point. Comme les organisateurs ont eux-mêmes affiché des faiblesses, c’est comme ça que le calendrier a été perturbé.  Et lorsqu’ un club engagé en compétition africaine sollicite l’autorisation d’aller s’entraîner à un autre endroit,  les organisateurs reportent des matches.  De quelle manière a-t-on reporté tous ces matches. Après avoir reporté à plusieurs reprises des rencontres, on s’est rendu compte qu’on est arrivé devant une situation où on n’est plus sur un même pied d’égalité. J’ai l’impression qu’on a détruit l’aspect de la beauté du football dans notre pays avec ces changements de calendrier qui sont intervenus plusieurs fois sans pour autant qu’il y ait des justifications valables. On a abouti par  l’accumulation des matches, mais qui démontre clairement qui doit être premier et qui devait être deuxième.

Quelles sont les pistes des solutions que vous proposez  pour sortir ce championnat de cette situation chaotique dans laquelle il est plongé?

Les pistes des solutions que nous proposons, c’est d’abord l’option à prendre pour le professionnalisme. Malheureusement en RDC, il y a la mise en place d’une loi sportive, mais qui est étouffé dès sa naissance. C’est une loi qui risque de ne pas connaitre le début de son application parce qu’on dit que la réussite de toute réforme est tributaire de ce que valent ceux qui sont appelés à la piloter. Comme il y a la loi, tout le monde devait s’en saisir pour dire qu’il nous faut un championnat d’élite. Ce championnat professionnel devait comprendre une Division supérieure et une autre inférieure.  C’est la première et la grande piste. Le reste, on forme les gens. Les organisateurs quant à eux, ne doivent pas rester des amateurs. Ils doivent aussi être recyclés. Ils doivent renforcer leurs capacités pour qu’ils arrivent à la rigueur d’un championnat professionnel. Les entraineurs à leur tour, doivent aussi être recyclés pour qu’ils arrivent à la rigueur d’un championnat professionnel de même que les arbitres, les managers, les décideurs politiques étant donné qu’un championnat professionnel ne se fait pas au hasard. Si nous n’avons pas des structures économiques capables de le faire, l’État doit mettre sa main à la patte pour aider ces  structures à atteindre le niveau de management des clubs professionnels.

Que pensez-vous de la requête introduite par l’AS V Club devant la Cour suprême de justice en contestation de la seconde dérogation accordée par le ministre des sports Baudouin Banza Mukalayi, pour la poursuite de la LINAFOOT?

Première chose,  je dis que c’est une grande première dans l’histoire du football congolais. C’est une occasion pour  impliquer nos juristes dans la recherche par rapport à l’application des règles de droit dans le football, à la gestion et à l’organisation sportive. Nos juristes sont très loin.  Ils ne s’intéressent pas à cela alors que c’est un secteur d’activités d’intérêt public. Maintenant, je pense qu’ils vont s’intéresser à ça. Ensuite, l’organisation du sport ainsi que sa réglementation est un dossier essentiellement lié au droit administratif. Même si V.CLUB  n’arrivait pas  à avoir gain de cause,  je pense qu’elle aura ouvert  la voie pour essayer d’éveiller  les consciences des congolais, car le sport ne peut pas se dérouler dans l’impunité, dans l’injustice, dans la désorganisation, dans l’illégalité pendant qu’il existe des instances qui peuvent bien s’intéresser à cette organisation d’intérêt public. Il faut savoir que l’État est le pouvoir organisateur  essentiel qui a confié une délégation des pouvoirs aux organisateurs de la société civile, c’est –à- dire des mouvements associatifs. Mais, l’État ne peut pas s’ingérer dans l’organisation du sport, sauf si cela a tendance à troubler l’ordre public. L’ordre public ici c’est quoi? C’est à dire qu’un championnat ne peut pas se jouer éternellement. Il y a une délimitation.

Quid de la chambre de résolution des litiges dans le système d’organisation de notre football?

C’est ça le drame parce qu’en RDC, il manque certaines structures. On n’aurait même pas dû aller jusqu’au niveau de la CSJ si et seulement si nous avions déjà la chambre de résolution des litiges au niveau du système d’organisation de notre football. Cela, on le retrouve dans plusieurs pays. Nous, nous sommes en retard. Comme nous avons le tribunal des sports, on aurait dû traiter ce litige.  Quand on le traite, on l’envoie loin des jurés qui statuent.

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