Alors que le football congolais peine à se relever de ses propres défaillances structurelles, le gouvernement a décidé de débloquer 3 millions de dollars pour accueillir la 47e Assemblée Générale Ordinaire de la CAF, prévue ce lundi 6 octobre 2025 à Kinshasa. Une somme faramineuse, confiée directement à la Confédération Africaine de Football pour couvrir « la logistique, l’hébergement et le transport » de quelque 300 participants.
Choix rationnel ?
Comment justifier une telle dépense dans un pays où les clubs, les infrastructures et les compétitions locales manquent cruellement de moyens ?
- Pendant que des équipes du championnat national (Linafoot) peinent à boucler leurs déplacements, que certains joueurs jouent sans contrat stable ni assurance médicale, le gouvernement sort sans broncher 3 millions USD pour un événement de prestige dont les retombées concrètes pour le football congolais restent incertaines.
« Le Congo est dans une situation de crise avec la guerre dans l’Est, les déplacés, et plusieurs autres urgences, mais le gouvernement trouve le moyen de gaspiller 3 millions USD pour une assemblée générale », déplore un membre de l’opposition.
Cette critique n’est pas isolée. Beaucoup y voient un symbole d’un État plus soucieux de son image internationale que du développement réel du sport national. Car pendant qu’on loge des délégations étrangères dans des hôtels de luxe, les clubs du pays vivent au rythme des promesses non tenues et des subventions jamais débloquées.
Ironie du sort, aucun plan clair n’a été communiqué quant à l’investissement durable dans les infrastructures sportives locales à l’occasion de cette assemblée. Aucun stade réhabilité, aucun programme d’appui aux clubs, aucun soutien à la formation des jeunes.
« Nous espérons que le TP Mazembe sera également mis à l’honneur parce que c’est grâce à ses performances que la RDC peut aligner 4 clubs dans les compétitions africaines », fait remarquer une source proche du club de Lubumbashi.
Oui, le Congo accueille l’Afrique. Oui, Kinshasa brille le temps d’un événement. Mais à quoi bon un faste diplomatique quand nos terrains sont délabrés, nos clubs abandonnés et nos championnats suspendus ?
L’Assemblée de la CAF passera. Les photos, les discours et les décorations s’effaceront.
Mais les vraies questions demeurent :
– Quand investira-t-on réellement dans le football congolais ?
– Quand valorisera-t-on les talents locaux autant qu’on dépense pour les événements de façade ?
– Et surtout, combien de temps encore faudra-t-il attendre pour voir le sport national traité comme une priorité, et non comme un simple outil de prestige politique ?
Parce qu’à ce rythme, la CAF s’en ira avec les millions, et le Congo, lui, restera avec ses problèmes.
Une polémique de plus
Pour rappel, l’État congolais a investi des millions de dollars pour la visibilité de la RDC à l’international par le biais de Barcelone et Monaco. Cet investissement n’est pas bien perçu dans l’opinion qui n’en voit pas le bien-fondé.
Aristote Pelly
